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Le tourbillon d'la vie
3 avril 2014

L'interview du mois : Brian Wenzl

Avant de commencer je signale que toutes les réponse m'ont été envoyées en français,qui est vous le verrez, malgré quelques fautes que je n'ai pas corrigées, d'un niveau vraiment excellent (y compris les accents, même les circonflexes). Bravo!!

Tu as publié une citation de Jonas Salk qui me parle beaucoup: "If all the insects on Earth disappeared, within 50 years all life on Earth would disappear. If all humans disappeared, within 50 years all speacies would flourish as never before" ("Si tous les insectes disparaissaient de la surface de la Terre, en 50 ans toute forme de vie sur la Terre disparaitrait. Si tous les humains disparaissaient, en 50 ans toutes les espèces prospéreraient comme jamais auparavant"). Peux-tu me dire quel sens elle a pour toi?

Zut ça démarre vite! Alors à risque de faire de la philosophie à deux balles : cette citation m'a fait penser à quelque chose qui me vient souvent à l'esprit mais que je tiens à garder dans mes pensées, c'est que l'histoire de la Terre n'est pas celle de l'Humanité. Nous faisons certes une grande partie de cette histoire mais si on prend un regard large sur la planète on voit tout de suite que notre rôle est celui de l'antagoniste. Nous sommes la seule espèce à pouvoir rendre extincte innombrables espèces et nous le faisons volontiers (tous et toutes) avec chaque petite décision quotidienne.

Portland vs Austin, Oregon vs Texas?

La comparaison entre Austin et Portland se fait très souvent. Elles ont le même slogan : Keep Austin weird / Keep Portland weird. Ce sont deux villes très vives, avec beaucoup de jeunes, qui ont une culture à part. Austin est un peu plus centrée sur l'art et la culture alors que Portland met le focus sur la bouffe et le militantisme vert (je simplifie grossement mais ce ne sont qu'impressions). Plus de vélos à Portland (malgré la pluie) et plus de concerts à Austin. Mais les deux villes partagent une énergie, une joie de vivre, un courage et un optimisme. J'aime beaucoup les deux.

Il fait beaucoup plus beau à Austin l'hiver mais l'été à Portland c'est le paradis. Austin se voit comme une tache de rousseur sur la jour du Texas. C'est à dire qu'elle est à part :  Austin est de gauche, Texas est très, très à droite. Par contre Oregon est divisé - le tiers mouillé à l'ouest de l'état est plutôt de gauche (c'est à dire Democrat pour le plupart, nous n'avons pas de vrai mouvement de gauche organisé aux Etats-Unis. Je voudrais en parler beaucoup plus mais ça explique grosso modo les choses) et environ 90% de la population se situe dans ce tiers. Donc au lieu de se sentir comme un rempart contre les forces de la régression, comme Austin, Portland se voit plutôt comme une capitale de la région progressiste, surtout dans le domaine de l'écologie.

Quant aux états eux-mêmes ben c'est pas très compliqué. Le Texas nous a donné Georges W. Bush, l'Oregon nous a donné Ken Kesey. L'Oregon a l'océan, la forêt, les montagnes, le désert, toute la beauté et grandeur naturelle qu'on peut imaginer. Sur le plan naturel c'est magnifique. Presque sans pareil dans le monde. Le Texas a les plaines, quelques rivières et le Golfe, mais sur ce plan il ne peut absolument pas rivaliser avec l'Oregon.

J'avoue qu'une partie de cette discussion est née du fait que je suis Oregonien, je suis prêt à accueillir tout étranger en Oregon mais j'ai un sens de la supériorité de ma région. D'ailleurs je me sens beaucoup plus Orégonien que Etats-Unisien.

Oregon

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portlandportland1

Texas

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tax

 

On te demande d'écrire un article pour un journal national, quel(s) sujet(s) choisirais-tu?

Depuis un certain temps les choses qui m'intéressent le plus sont, sans ordre particulier : le terroir, la "walkability" (l'idée tout à fait banale en Europe qu'une ville devrait être construite de façon qu'on n'est pas obligé d'avoir une voiture pour y vivre confortablement), la présentation visuelle de données, la technologie (et en particulier le web), la conservation d'énergie, et les locavores (ceux qui essaient de manger uniquement de la nourriture de leur région). J'aimerais bien pouvoir combiner toutes ces conceptes dans un article afin de synthétiser ma vision du monde mais je ne me crois pas à la hauteur.

Si on parle vraiment de mon expertise, ce dont je serais capable d'écrire un article qui apporte quoi que ce soit de nouveau, ce serait obligatoirement la data quality (oof!) ou le plate-forme force.com.

 

Tu as vécu en France, peux-tu me dire ce que tu as pu y  trouver de surprenant?

Au départ ce qui était le plus surprenant c'était à quel point les choses étaient les mêmes la France et les États-Unis. A part quelques différences cosmétiques (plus de motos, différentes marques sur tout, supermarché, voitures...) la vie en France est vraiment très semblable à la vie, par exemple, en Oregon.

Mais en suite ce qui est devenu surprenant au cours des mois c'était à quel point les choses sont différentes. Ce qui se passe pour la politique de gauche aux États-Unis serait à peine au centre, voire centre-droite en France. On va au supermarché pour faire ses courses, mais on a tendance à chercher son pain chez le boulanger, ce qui est rare chez moi. Il est difficile d'obtenir le permis de conduire alors qu'aux États-Unis il est presque donné dès qu'on a 16 ans. Je pourrais continuer, c'est frappant la quantité de petites différences qui sont en dessous d'une similitude apparente.

Les français ont une réputation, même chez les francophiles, d'être un peu froids par rapport aux États-Unisiens. On nous a dit qu'il serait difficile de faire des amis français. Il y a aussi mêlé dedans l'idée qu'un États-Unisien à l'étranger se comporte à la con et insiste, par exemple, que tout le monde lui parle en anglais et ça joue, mais j'avais tout de même compris qu'il serait difficile de pénétrer les cercles sociaux français. Peut-être que c'est ma gueule barbue qui donne confiance et un peu le fait qu'à l'époque je parlais bien le français, mais j'ai trouvé les français et les françaises plutôt ouverts, je dirais même chaleureux. J'ai rencontré beaucoup de gens amicaux et j'ai fait pas mal d'amis. Dix ans plus tard j'en garde le contact avec trois ou quatre. Je crois encore que les français ont peut-être cette tendance réticente, mais pour moi ça n'a jamais été un obstacle.

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Il m'a manqué deux choses absolument extraordinaires : chocolate chip cookies et peanut butter.

La racisme. Je me souviens que, tout au début de mon séjour à Lyon j'ai vu une toute petite mamie (française "de souche") qui se promenait sur le trottoir en centre ville. C'était l'après-midi et elle poussait un petit chariot qui contenait ses courses. Au cours de son chemin elle s'approchait à quelques jeunes gens qui paraissaient être d'origine nord-africaine. Ce qu'elle a fait qui m'a frappé c'était de traverser la rue pour éviter ces jeunes alors qu'ils avaient l'air de...comment dire.. de citoyens je suppose, avec le look clean. En plus elle a choisi de s'approcher à trois grands hommes (mais grands!) de l'Afrique sub-saharienne! Ca vous parait peut-être compréhensible mais pour un nouveau arrivé c'est surprenant!

Donc il y a les hiérarchie des "races" ce qui est différent, aux États-Unis ça va plutôt dans le sens de la couleur de peau, plus on est noir et moins on a de possibilités dans la vie. Autre chose surprenante aux États-Unis quand on a énormément de racisme, du moins dans le nord, ça se ache, on se garde de s'exprimer de façon ouvertement raciste. De ce que j'ai vu en France ce timidité existe moins chez vos racistes. A discuter quelle tendance est préférable.

Je dois désavouer un peu de ce que je viens de dire en expliquant que j'ai eu du contact direct avec seulement une famille raciste, cette qui m'a accuelli pour un mois dès mon arrivé. Je parle un peu de ce que j'ai vu dans les rues de Lyon et j'essaie de comparer avec ce que j'ai vu, surtout en Oregon. Je ne veux pas qu'on pense que j'ai vu le large sur le racisme ni chez moi ni chez vous, c'était mon impression mais ça risque d'être follement incorrecte.

 

Quelle question je ne t'ai pas posée aurais-tu aimé que je te pose et quelle est sa réponse?

J'avais peur que tu me demandes quand est-ce que je reviens en France, et malheureusement je ne peux pas donner de réponse concrète! Pourtant l'idée de faire au moins des vacances là-bas le revient à l'esprit très fort depuis un certain temps et ça risque de se faire dans l'avenir proche.

L'objet

C'est mon sac à dos. Je l'ai depuis 1989 et il m'a accompagné dans tous mes voyages, du haut du South Sister au sommet du Brévent, en passant par tous les endroits que j'ai visité du monde (full disclosure: when I did climb the South Sister I took the téléphérique to the top of le Brévent!)

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Commentaires
M
Sympa, très sympa!
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L
Merci à vous deux pour cette enrichissante lecture§<br /> Bon maintenant je sais que je dois aller visiter et l'Orégon et je dois aller voir qui est ce monsieur Ken Kesey....
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F
Brian, je n'ai pas le plaisir de te connaitre mais le fait d'être choisi par Géraldine est déjà<br /> une bonne référence.Merci de parler de ton pays avec tant d'affection.L'Europe et les USA c'est une peu un conflit de générations entre un vieux continent un peu arrogant et des états unis adolescents,un peu turbulents mais tellement dynamiques.Je n'ai pas eu la chance de visiter ces grands territoires mais j'apprécie déjà ton pays par sa grande littérature ( de Steinbeck à Stegner en passant par Miller,Mc Guane ou Banks ). En Plus nous avons en commun le sac à dos et le Brévent. Merci à toi et à Gégé
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J
c'est vraiment intéressant ce petit blog!! gros bisou à toi!!
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